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L'école à distance creuse-t-elle les inégalités ?

Après 15 jours de confinement, les conséquences de l'école à distance deviennent concrètes. Comme le rapporte le journal Le Monde, il y a des familles qui ont trouvé leur rythme : parents et enfants se lèvent comme un jour d'école, découvrent ensemble le mail de la maîtresse, puis établissent un plan de travail quotidien. Et puis, il y a les autres familles, celles qui disparaissent des écrans radars, celles où les enseignants disent ne pas trop savoir ce qu'il s'y passe.


Jusqu'à un tiers des effectifs


Le Ministre de l'Education Nationale, Jean-Michel Blanquer, a estimé ce mardi 31 mars 2020 qu'entre « 5 et 8 % des élèves » ont été « perdus » par leurs professeurs. C'est-à-dire que les enseignants n'arrivent pas à les joindre. Mais cette moyenne cache des pourcentages qui peuvent être bien plus élevés dans les zones plus fragiles.


Ainsi, à Bobigny, dans un collège relevant de l’éducation prioritaire, l’inspecteur pédagogique a comptabilisé, au dixième jour du confinement, un tiers des élèves de 3ème qui ne s’étaient pas encore connectés. Toutes classes confondues, ils étaient « entre 170 et 200 aux abonnés absents ».


A Lyon, un enseignant se démène pour rester en contact avec les 23 familles qui composent sa classe. Cinq n’ont pas internet. Pour deux d’entre elles, il n’a ni téléphone ni adresse et plus aucune nouvelle depuis le 13 mars, dernier jour d’école.


4 enfants sur un téléphone portable


Il y a tout d'abord les familles qui n'ont pas d'ordinateur et donc pas d'imprimantes. Alors il faut « s’abîmer les yeux » sur l’écran du téléphone, racontent-elles. Accepter de ne « pas tout faire », même si « ça stresse tout le monde ». Pour certaines familles, c'est parfois quatre enfants qui se relaient sur un unique smartphone. L'absence d'imprimante oblige l'un des parents à sortir et à se rendre à l'école pour récupérer une pochette de photocopies laissée à la grille par l'enseignant. Les professeurs ne comptent pas les courriels et les coups de fil. Avec plus ou moins de succès.


« J’appelle toutes les familles deux fois par semaine,témoigne un professeur de CP à Lille. Il y a quelques jours, j’ai reçu par SMS, en photo, tous les exercices demandés, recopiés à la main par une maman, et complétés par l’élève, sur des feuilles volantes de cahier arrachées, raconte-t-il. Douze pages en tout. La famille n’avait pas de quoi racheter une cartouche d’encre… j’en ai pleuré de rage ! »

Beaucoup de parents reconnaissent également ne pas être en mesure de se substituer à un enseignant. Une maman confie que les « schémas » et les « conversions » sur lesquels travaille son fils, en classe de 5ème, « c’est trop loin » pour elle, « J’ai peur pour mon fils, peur de mal lui apprendre… »


Des devoirs aléatoires


Une maman en Belgique, qui a 4 enfants à la maison, confie que « l'un est inondé de travaux divers et répétitifs, une dont les profs sont raisonnables, et les deux derniers qui ont eu en tout et pour tout une heure de travail. »


En Belgique justement, le Ministère a demandé à ses enseignants de ne donner que des révisions, interdiction de donner de nouvelles matières pour éviter de creuser encore plus le fossé. Néanmoins, une enquête du Comité des élèves francophones (CEF) révèle qu'un enfant sur deux reçoit tout de même de nouvelles matières à étudier. Au vu du contexte rappelé ci-dessus, il est facile de comprendre pourquoi de nouvelles matières, qui seront assimilées par certains mais échapperont à d'autres, creuseront encore un peu plus les écarts.


Si la date n'est pas encore connue, tous les enseignants pensent déjà au retour en classe. Chacun espère qu'il se fera dans de bonnes conditions, « Il faudra tenir compte de tout ce qui se sera passé pendant le confinement, et de tout ce qui ne se sera pas passé pour certains élèves », pointe l'inspecteur de Bobigny. Le Ministre de l’Education français, Jean-Michel Blanquer, a d’ores et déjà évoqué une « remise à niveau pour tous ». Il a prévu de développer, « quand nous sortirons de cette crise, cet été, des colonies de vacances éducatives » et « des modules de soutien scolaire gratuits, certainement au moins pour la dernière semaine d’août ».


Notre conseil


De nombreuses familles s'inquiètent à l'idée de ne pas réussir correctement cette période déstabilisante. Nous ne pouvons que vous conseiller de diminuer cette pression. Faites de votre mieux mais pas au point de rendre cette période encore plus difficile pour votre famille. N'imaginez pas que les cours vont reprendre l'air de rien comme lors d'une rentrée habituelle. Les enseignants vont garder en tête ce qui s'est passé mais aussi ce qui ne s'est pas passé durant ces dernières semaines. Un grand travail les attend et nous ne pouvons que saluer leur engagement. Et n'oubliez pas, la continuité pédagogique peut se faire via des exercices traditionnels mais aussi via des activités ludiques invitant à découvrir le monde ! Prenez soin de vous.

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